Vendredi nous avons rendu hommage à notre frère, Eric, Riquette en laissant parler nos souvenirs.
Les balades en forêt le dimanche, à ramasser des feuilles mortes, des pommes de pin.
Le ping-pong effréné dans la cour.
Les jeux dans le jardin ou dans le centre de patronage en face de la maison.
Le vélo dans la rue des Perrons.
C’est même là que nous avons appris, un samedi après-midi, en mars 1978,
la mort de Claude François.
Nous étions tous tristes, mais toi particulièrement.
Une chanson « toi et moi contre le monde entier ».
Un livre « La petite auto complaisante ».
Nos animaux, Milou le chien, Neige, Réglisse et Rouquin les chats, Charlot et Charlotte les cochons d’Inde, Casimir la tortue.
Toi debout sur une chaise de la fenêtre de la salle de bain et maman qui appelle la tourterelle pour te dire bonjour le matin.
Les dimanches matin,
où nous envahissions le lit des parents pour des bagarres sans fin.
Toi, bien sûr, tu avais droit à des séances spéciales de catch avec papa.
Nous, on vous laissait entre hommes.
Les fous-rires avec la famille Coutelle dans la ferme en Mayenne à courir après les vaches ou sauter dans le foin et défaire toutes les bottes de paille sous les gros yeux de Jean.
Piche et toi qui venaient dans la chambre pendant que nous faisions nos devoirs pour nous narguer et nous taquiner.
Les films que tu n’aurais pas dû voir au cinéma : le Policeman avec Paul Newman en 1979, interdit au moins de13 ans (mais comme tu étais grand on a pu te faire passer sans difficulté) ou encore Shining en 1980 avec Sophie et Catherine Martini et la peur dans la rue en rentrant à pied.
La foire du trône où, avec Magali, on t’a vu devenir tout blanc et ne plus vouloir remonter dans les manèges.
Le tour de circuit des 24 heures, avec des pilotes professionnels, à en avoir le souffle coupé.
Le 3-0 de l’OL contre le Real Madrid de Zidane et Beckham en septembre 2005 et la joie immense de Sullivan.
Tes pannes légendaires de réveil : la fois où tu devais partir à Toulouse passer un examen, impossible de te réveiller, même en passant l’aspirateur à côté de ton lit.
Sans oublier l’arrêt de train manqué à Coëtquidan pour faire tes 3 jours du service militaire et ton arrivée surprise à Quimper.
Les petites chamailleries
pour savoir qui aurait la plus grosse part des gâteaux de maman,
jusqu’au jour où elle a trouvé la solution miracle :
un moule qui coupait le gâteau en cinq parts parfaitement égales.
Plus de discussion possible, et surtout plus d’excuse pour chipoter !
Et puis les petites bêtises…
Certaines très inventives,
comme ce jour où nous avons décidé de couper les lanières du martinet accroché au radiateur de la cuisine.
On croyait avoir trouvé la parade.
Mais on n’avait pas pensé qu’il restait… le manche.
Pas notre meilleure idée,
mais un souvenir qui nous fait encore sourire.
Ton séjour au trou, pendant le service militaire, pour quelques grammes de shit reniflés par un chien policier.
Ou encore ton passage en cellule de dégrisement au commissariat de Coulaines, ton retour en Austin mini et la montée feutrée dans les escaliers pour ne pas réveiller les parents.
Les voyages dans la Mazda jaune, sans climatisation, avec des serviettes de bain aux fenêtres,
à deviner les départements grâce aux plaques d’immatriculation.
Le séjour en camping à trois sans les parents, en toile de tente à Préfailles à côté d’un « vieux » qui ronflait et nous réveillait le matin.
Les vacances un été à Royan,
où tu as préféré passer ton temps dans la salle de jeux plutôt qu’à la plage.
Mais il n’y a pas que les souvenirs drôles et légers.
Certains sont plus lourds.
Nous pensons à cette nuit du 14 juillet 1987.
Ton appel au milieu de la nuit.
L’accident.
Laurence, ta copine de 17 ans, éjectée et décédée sur le coup.
Valérie et Fabrice, tes amis grièvement blessés.
Et toi, marqué à vie par ce drame,
et par l’injustice d’un chauffard ivre qui a tout brisé.
Aujourd’hui, ton absence laisse un vide immense.
Mais ce que nous voulons garder,
ce sont les souvenirs tendres et drôles.
Nous voulons garder ton rire.
Ta chaleur.
Ton courage.
Et même si nos larmes coulent,
nous sourions en pensant à toi.
Car tu nous as laissé beaucoup de moments inoubliables,
qui continueront de te faire vivre à nos côtés.
Murielle et Corinne
Le 26 septembre 2025